dimanche 6 janvier 2013

Zhao Liang - Paper Airplane (2001)

Zhao Liang est un documentariste chinois qui s'intéresse aux laissés pour compte de la société. Dans son premier film, Farewell Yuanmingyuan (1995), Zhao Liang montre l'affrontement entre la police et un groupe d'artistes installé dans un district rural près des ruines de l’ancien Palais d’été. Ce village d'artiste a finalement été fermé en 1995, les autorités craignant la propagation d'idées subversives. Dans son deuxième film, Zhao Liang suit le "parcours" d’héroïnomanes à Pékin. Les scènes ont été tournées entre 1997 et 2001.

Certaines scènes peuvent choquer les personnes sensibles aux aiguilles.

Dans cette période de quatre ans, Zhao Liang filme une dizaine de jeunes Chinois vivant d'abord en communauté dans des squats, se droguant et en jouant vaguement dans un groupe de rock. Au fil des années, presque tous les drogués sont arrêtés par la police, envoyés en cure de désintoxication ou des camps de travail. Quelques uns ont réussis à décrocher. On apprend dans ce film que la police préfère arrêter les consommateurs plutôt que les vendeurs. Les policiers gagneraient ainsi 10.000 yuans pour chaque drogué arrêté. Vérité ou mensonge de junkies ? On ne le saura pas vraiment. On apprend aussi qu'au début des années 2000, le gramme d'héroïne coûtait 350 yuans, ce qui est très cher par rapport au niveau de vie du Chinois moyen. Les drogués passent donc leur temps à trouver de l'argent pour acheter leurs doses à des dealers, souvent des Ouïghours. Un de ces dealers ressemblerait même à Paul McCartney !

Cela s'appelle "chasser le dragon".

Le groupe de drogués vit constamment sous la peur d'une descente de police. Un des drogués doit déménager deux fois par an pour éviter de se faire prendre. Le système judiciaire pour les drogués est particulier. A la première arrestation, le drogué est mis en cure de désintoxication pendant trois mois... aux frais du drogué, ce qui pose problème car leur famille est souvent pauvre. A la deuxième arrestation, la peine de prison passe à 18 mois. A la troisième arrestation, c'est trois ans dans un camp de travail.


Zhao Liang filme sans concession. On y voit donc de nombreuses scènes de prise de drogue. L'héroïne se pique ou se fume. Les promesses de décrocher ne tiennent pas plus de trois jours. L'addiction est trop forte. Zhao Liang a la pudeur de s'effacer et de ne pas juger. Sa proximité avec les drogués (dont l'un est son cousin) fait que ceux-ci semblent oublier la caméra. On est dans le cinéma-vérité. Une vérité que les autorités chinoises n'aiment pas divulguer. Mais quel gouvernement met en avant ses jeunes drogués ?

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