lundi 30 juillet 2012

Gyu Sang - The Story of a Blooming Flower (1992)

Ce film de Corée du Nord s'inspire d'une histoire vraie. En 1988, à l'occasion du 42ème anniversaire de Kim Jong-il, l'horticulteur japonais Kamo Mototeru offre au fils du Juche Kim Il-sung une nouvelle variété de fleur appelée Kimjungilia. En 1965, le président indonésien avait déjà offert à Kim Il-sung une variété de fleur appelée kimilsungia. The Story of a Blooming Flower (꽃에 깃든 사연 en coréen), entièrement visible ici, s'inspire de cet événement politico-floral pour glorifier l'idéologie du Juche, Kim Il-sung et Kim Jong-il.

Shimozawa et la kimjongilia.

The Story of a Blooming Flower a la particularité de mettre en scène des protagonistes étrangers vivant au Japon alors que le cinéma nord-coréen a plutôt l'habitude de s'attacher aux citoyens de la République populaire démocratique de Corée. Autre particularité : le film, d'une durée de 90 minutes (soit 20 minutes de plus que beaucoup de productions coréennes), est riche en rebondissements et en sous-intrigues. Les scénaristes ont travaillé !

Dialogue philosophique entre Ideko et Shimozawa. Découverte du Juche.

Le film débute par un dialogue heureux entre le jeune Shimozwa et sa mère. Celle-ci fait l'éloge des fleurs et du soleil. Une vingtaine d'années plus tard, on retrouve un Shimozawa dépité qui demande à un alpiniste de l'aider à trouver une fleur dans les Andes. L'alpiniste refuse mais change d'avis après un flahback de 20 minutes au cours duquel Shimozawa explique son projet. A la mort de sa mère, Shimozawa, apprenti horticulteur, sombre dans la déprime, tout comme son meilleur ami, Takedo, un philosophe qui rejette tout ce qu'il a appris et se retrouve dans un vide existentiel. Quelques temps plus tard, les deux amis décident de relever la tête : Shimozawa créé une nouvelle variété d'iris tandis que Takedo découvre la philosophie et l'idéologie du Juche, qui affirme que "l'homme est maître de son propre destin".

La fille de Shimozawa en pleurs. A cause de l'argent.

Ce bonheur ne dure par pour Shimozawa, qui vend tous les droits de sa nouvelle fleur. Lors d'une soirée avec son ami Yamakushi, chanteur d'opéra à succès, il découvre que sa fleur a été nommé "tsubakihime", soit la "Dame aux camélias", en référence au roman d'A Dumas, et qu'elle sert de signe distinctif pour les prostituées. Effondré, Shimozawa réalise qu'il a trahi son art floral et l'idéal prôné par sa mère défunte. ému par cette histoire, l'alpiniste décide lexandred'accompagner dans les Andes Shimozawa, à la recherche d'une fleur rare pour créer une nouvelle variété.

Un film nord-coréen sans Kim Il-sung ou Kim Jong-il ? Vous rigolez ?

Après une séquence Cliffhanger dans les Andes et une première tentative ratée de créer sa nouvelle fleur, une dizaine d'années passent. La nouvelle fleur est sur le point d'être enfin prête. Mais Shimozawa va être encore confronté à un dilemme : vendre sa création pour l'argent ou offrir sa fleur au monde entier ? En effet, Hanae, la fille de Shimozawa, compte se marier avec Ichiro, le fils d'un banquier. Or la famille de se dernier refuse ce mariage avec une fille trop pauvre. En plus de ça, Yamakushi, le chanteur d'opéra ami de Shimozawa, sans emploi et endetté, crie à l'aide. Tiraillé entre les atermoiements de sa fille et de son ami, Shimozawa appelle Takedo, devenu directeur de l'Institut International des Idées du Juche. Celui-ci vueut l'initier à l'idéologie du Juche et promet de venir lui parler. Malheureusement, atteint d'une maladie incurable, Takedo meurt. Shimozawa, bouleversé, lit alors la thèse que son ami à consacrer à Kim Jong-il.

Pyongyang de jour comme de nuit.

C'est une illumination. Shimozawa se rend à Pyongyang. Il est fasciné par la joie de vivre qu'il y règne ; c'est le paradis sur terre. Il loue la politique de Kim Il-sung et Kim Jong-il, qui cherche avant tout l'épanouissement et le bonheur du peuple.  Shimozawa retrouve également une Coréenne qu'il avait brièvement connue il y a 20 ans (une sous-intrigue du film). Après ce voyage touristique, nul doute pour Shimozawa (et le spectateur) quant à la question primordiale : vendre ou ne pas vendre sa fleur ? Peu importent le mariage de sa fille ou l'aide de son ami endetté (qui n'est étrangement complètement ignoré à la fin du film). Shimozawa offre sa fleur à Kim Jong-il, qui donne "plus d'amour maternel que tous les mères réunies". Kimjongilia.

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