vendredi 22 juin 2012

Aphorismes d'Edmond Jaloux

En 1949, année de sa mort, Edmond Jaloux publie son testament livresque : Essences, un recueil d'aphorismes, de fragments, de brefs souvenirs et de rêves. Voici une sélection totalement subjective de ses aphorismes.

Edmond Jaloux.

Nos pensées nous ressemblent plus que nos actions.

Un excès de délicatesse dans les sentiments conduit fatalement à quelque dissimulation. Il faut accepter de savoir être brutal.

L'amour ne saurait réunir sous une même étiquette ceux qui aiment pour aimer et ceux qui aiment pour être aimés : les donateurs et les avares.

Rien n'est plus aisé que de devenir sage ; rien ne l'est moins que de le demeurer sans remords.

C'est parce qu'il s'oublie que l'homme croit changer. Il suffit de lire les œuvres complètes de n'importe quel écrivain pour voir à quel point nous nous transformons peu.

Il n'y a qu'une issue au désespoir : l'indifférence. Mais l'indifférence est un art qui ne s'acquiert guère, si on ne le possède de naissance.

Il y a des crimes innocents comme il y a des vertus criminelles.

On n'est pas fidèle à un être ; on est fidèle à la première image qu'on a reçue de lui. c'est là tout le secret de la fidélité.

Il nous est relativement aisé de prévoir les actes virtuels de ceux que nous connaissons bien ; il nous demeure impossible de deviner leurs rêves.

Il y a des amitiés qui ont presque tout de l'amour, hors la brièveté.

Le dramatique de l'amour, c'est l'impossibilité où l'on est d'unir l'image que l'on se fait d'une personne et ce qu'elle est en réalité.

On ne saurait vraiment haïr que ce qu'on a trop aimé.

Le malheur est un mauvais exemple.

On dit quelquefois qu'une brouille entre amis est le résultat d'un malentendu. Quelle erreur ! Elle est la fin d'un malentendu.

Leurs détails peuvent être faux, toutes les légendes sont vraies.

L'homme, en se révoltant, prouve qu'il reste esclave.

Aucun commentaire: