samedi 7 janvier 2012

Sono Sion et Tokyo GAGAGA

Lorsqu'on évoque la carrière du réalisateur japonais Sono Sion (maintenant célèbre pour ses excellents films Love Exposure et Guilty of Romance), on cite souvent son implication dans le collectif artistique Tokyo GAGAGA qui consistait, vers 1993, à manifester dans la rue pour dénoncer la société japonaise. Une des manifestations de ce mouvement éphémère et marginal a été filmée par Jean-Jacques Beineix au début de son reportage Otaku, diffusé en France en mai 1994. Cette scène insolite (le documentaire n'est pas consacré à Tokyo GAGAGA et Sono Sion n'est pas interrogé) prend maintenant valeur de témoignage sur une période méconnue de Sono Sion qui avait, à l'époque, déjà réalisé plusieurs films dont The Room.

sono sion tokyo gagaga
Sono Sion en pleine manif Tokyo GAGAGA.

Dans un long entretien réalisé en février 2010, Sono Sion s'est expliqué sur ce collectif artistique : "entre 17 et 21 ans, j'ai écrit des poèmes avant de tourner des films auto-produits en 8 mm. Après ces premiers essais cinématographiques j'ai voulu revenir vers la poésie et j'ai créé le mouvement Tokyo GAGAGA. Vu de loin, ce mouvement pouvait paraître comme des manifestations de rue mais en fait il s'agissait de personnes qui écrivaient des poèmes sur des drapeaux et marchaient dans la rue en arborant leurs drapeaux. Il n'y avait aucun message politique ou social définis. Les policiers venaient souvent empêcher nos manifestations mais comme il n'y avait aucune raison pénale de nous en empêcher, ils ne pouvaient pas nous arrêter. Cette activité n'avait rien d'artistique. Ce n'était même pas un performance. Nous étions environ 200 personnes à descendre dans la rue et je pense que personne ne pensait faire quelque chose d'artistique. C'était comme si une foule se rendait à un concert de punk. Tout ça n'avait rien de politique, il n'y avait aucune revendication. Nous n'étions pas des gauchistes. En apparence, on pouvait comparer ça à une renaissance des luttes des années 1960 mais nous prenions simplement du plaisir à écrire des poèmes et à les montrer. Et je criais GAGAGA, GAGAGA !"

Ci-dessous, l'extrait vidéo d'Otaku qui montre une manifestation de rue de Tokyo GAGAGA.

Aucun commentaire: