lundi 9 août 2010

Peter Delpeut - Diva Dolorosa (1999)


De 1913 à 1920, le cinéma italien va inventer remettre au goût du jour le mythe fin de siècle de la femme fatale et permettre la starification d'actrices telles Francesca Bertini, Lyda Borelli, Pina Menichelli, Soava Gallone ou Hesperia. On les appelle des divas.

En 1999, le Hollandais Peter Delpeut récupère des bobines de 14 films de cette époque, en tire la quintessence pour créer un nouveau long métrage qui synthétise l'esthétique et les thèmes des films de diva : Diva Dolorosa.

Lyda Borelli au bord de la crise de nerf.

Les films sont parfois tournés dans de véritables palais italiens.

Le film de diva distille les ambiances et les thèmes de perversion chers à des écrivains comme Baudelaire, Swinburne, Wilde, Huysmans, Lorrain et D'Annunzio. Les décors et les costume sont soigneusement conçus dans le goût "Art nouveau" et les univers d'Aubrey Beardsley et d'Alfons Mucha. C'est donc visuellement très agréable à regarder. Seuls le pathétique outrancier et les mimiques pour le moins exagérées des actrices passent difficilement l'épreuve du temps.


Lyda Borelli : femme voilée.

Le 21 mai 1918, dans le journal Excelsior, Colette décrit avec justesse les caractéristiques de la "femme fatale" des films italiens. On peut souscrire en tous points :

1. La femme fatale est presque toujours décolletée ; 2. elle est souvent armée d'une seringue de Pravaz ou d'un flacon d'éther ; 3. elle tourne sinueusement son col de serpent vers le spectateur ; 4. et plus rarement, nous ayant montré d'abord des yeux d'une grande étendue, elle les voile lentement de molles paupières, et, avant de disparaître dans les brumes du "fondu", elle risque le geste le plus osé qu'on puisse se permettre sur l'écran [...] Je veux dire qu'elle se mord, d'une manière lente et coupable, la lèvre inférieure.

[...] Elle emploie d'autres armes, - j'ai indiqué, plus haut, le poison - comme le poignard, le revolver, la lettre anonyme, et enfin l'élégance. J'entends par là qu'infailliblement la femme qui piétine les cœurs et dévore les cerveaux ne saurait se passer : 1°) d'une robe-gaine en velours noir ; 2°) d'un déshabillé dit "étrange" où l'on voit parfois, en broderies et peintures, l'algue, l'insecte, le reptile et la tête de mort ; 3°) d'une gerbe de fleurs qu'elle lacère d'un geste cruel.


Extrait de Diva Dolorosa. La scène imposée du baiser.

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