samedi 29 août 2009

Wu-Tang Clan et Shogun Assassin


Chronique du film Shogun Assassin ou une façon détournée de faire l'éloge du Wu-Tang Clan, le meilleur groupe de rap de tous les temps. Malgré deux albums décevants (Iron Flag, qui montre 3 ou 4 bons morceaux et 8 Diagrams, une merde incroyable) et la quasi dissolution du groupe, le Wu-Tang Clan reste une référence du rap et de la musique du vingtième siècle. Le Wu-Tang Clan reste quand même le parangon du groupe rap des années 1990 et, par extension, le groupe le plus important, avec Boogie Down Production, Public Enemy, Gangstarr, Quannum et Outkast.


Propulsé en janvier 1993 sur la scène mondiale avec le chef d'œuvre (le terme, aujourd'hui galvaudé à cause de blaireaux de journalistes en manque de sensation, prend tout son sens quand écoute l'album) Enter the Wu-Tang. Le groupe, composé de 9 poètes met les choses au point et le bordel dans le rap mondial, à une époque où règnent De La Soul , Dr Dre (The Chronic met les choses au clair et le premier album de Snoop Doggy Dogg ne va pas tarder), Beastie Boys, A Tribe Called Quest et Arrested Development (je n'ai jamais pu aimer ce groupe). Donc, en 1993, le Wu-Tang s'impose avec un rap teigneux et des samples issus des films de Kung-Fu de la maison de production Shaw Brothers (doublés en anglais). On peut considérer le Wu-Tang Clan comme l'unique groupe influencé par la VHS et les films hong-kongais en location (à quand une étude universitaire sur l'influence des vidéo-clubs sur le rap ? Bof, étudier l'alcoolisme de Marguerite Duras, cette chouette immonde parangon de l'onanisme bourgeois gerbant, est tellement plus stimulant).

Les membres du Wu-Tang sont : RZA (architecte sonore, expression usitée par les bobos pour ne pas employer le mot "producteur", pas assez artistique et trop capitaliste), GZA (the genius, un parolier excellent, intègre et humble), Old Dirty Bastard (ODB pour les intimes, REP: 1968-2004, l'homme qui citait Jacques-Yves Cousteau dans ses textes, un fou illuminé), Method Man (un fumeur d'herbe particulièrement doué pour les allitérations), Raekwon (fasciné par les films de John Woo, surtout The Killer, 1989, les colombes, l'harmonica et les églises), Ghostface Killah (un fan de chaussures, une vraie femme), Masta Killa (ben c'est Masta Killa), Inspectah Deck (un rappeur hippie, surnommé the Rebel INS, et qui est sous-estimé, son album solo est très bon), U-God (surnommé Golden Arms, a fait des séjours en prison, porte de la fourrure et a une voix rocailleuse). Cappadonna ne fait pas partie du Wu-Tang Clan.

Le meilleur album de rap des années 1990, Enter The Wu-Tang.

L'apport du Wu-Tang Clan au rap ? Disons que, à l'époque, le Wu-Tang, en plus de révolutionner le son du rap, ne se prostituait pas au système et ne jouait pas le jeu du libéralisme sauvage. Quelqu'un dira-t-il aujourd'hui que le rap d'aujourd'hui cautionne et fait l'apologie du libéralisme sauvage ? De nos jours, des rappeurs comme Kanye West, 50 Cent ou Jay-Z font passer Alain Madelin pour un redoutable gauchiste. Horreur. quand on pense que le Wu-Tang Clan est mystagogue et prend le relais de François Villon, Saint-Amant et T.S Eliot. Ni plus ni moins. Trivialité et métaphysique.

Un album sous-estimé. Wu-Tang Forever est un album excellent.

Les nègres de Staten Island prennent la poésie à la gorge. Et qu'une chose soit dite, pour la première et la dernière fois aux kapos du PC (politiquement correct), le mot "nègre" n'est pas péjoratif mais est un signe distinctif de noblesse. Fût un temps, pas si éloigné, où les nègres ne ressemblaient pas tous à Puff Daddy (un nègre blanchi aux doigts diamantés) et considéraient le rap comme le CNN du peuple (Public Enemy). Maintenant, l'argent est roi et le rap est devenu un prétexte à montrer sa dernière chaîne en or et une bouteille de champagne français dont tout le monde se fout. La poésie achetée par des suppôts du capitalisme. Et ces rappeurs se considèrent comme des rebelles. Pathétique.

Et j'ai oublié de parler de Shogun Assassin. Peu importe.

Top 3 personnel des albums du Wu-Tang Clan:
1) Wu-Tang Clan : Enter the Wu-Tang (1993)
2) Old Dirty Bastard: Return To The 36 Chambers (1995)
3) GZA : Liquid Swords (1994)



Début du fim Shogun Assassin.




GZA, sur son album splendide Liquid Swords, a samplé Shogun Asassin.



Old Dirty Bastard, "Protect ya Neck II the Zoo" featuring Brooklyn Zoo, Sunz of Man, 12 o Clock et Shorty Shit Stain.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Anticapitaliste le Wu-Tang ? Hum, insérer dans le livret du deuxième album une sorte de catalogue de la Redoute où nos rappeurs-rebelles exhibent leur ligne de fringues ne me paraît pas vraiment digne d'émules de Naomi Klein...

Quant à la phrase comparant Public Enemy à un CNN de la communauté noire US, je crois bien qu'elle est de Quincy Jones (à vérifier).

Sinon, je suis d'accord : Enter the Wu Tang is a masterpiece.

tomblands a dit…

Oui, le Wu-Tang n'est pas vraiment anticapitaliste mais c'est toujours intéressant de forcer le propos. Hé hé...