samedi 14 février 2009

Sono Sion - Hazard (2005)

Sono-Sion-Hazard
Le prolifique Sono Sion a sorti quatre films en 2005: le drame familial épique et sociétal Noriko's Dinner Table, le drame familial psychologico-trash Strange Circus, le voyage introspectif d'Into A Dream et l'expérience violente et initiatique de Hazard. De film en film, Sono Sion développe ses thématiques d'aliénation, de libération, de vengeance et de connaissance de soi. La tragédie grecque classique revue à la sauce nippone contemporaine, pour faire simple et journalistique.

Dans Hazard, Shin s'ennuie et ne peut plus vivre au Japon. Il décide de tout quitter pour aller à New York. Dès son arrivée, il se fait voler toutes ses affaires et se retrouve démuni, sans savoir où aller et sans parler anglais. Alors qu'il vole une brioche dans une épicerie, il rencontre Lee et Takeda, deux petites frappes d'origine japonaise, qui le prennent sous leur aile. Shin comprend bien vite qu'il est en compagnie de deux délinquants particulièrement impulsifs et violents: du genre à braquer une épicerie au fusil pour voler un paquet de bonbons et des fruits ou à voler des décapotables en pleine rue. Lee, le "chef", est à la fois un psychopathe et un amateur de Walt Whitman, cocktail détonnant.

Sono-Sion-HazardShin sous la pluie: le monde est-il à lui ?

Au début complètement largué et étonnant par le mode de vie de Lee et Takada, Shin va se mettre à vivre comme eux et apprécier cette liberté. Entre l'apprentissage de l'anglais, les braquages d'épiceries, la vente de glace au speedball et la contemplation de New York, Shin se sent enfin à l'aise. Pourtant, les complications vont bientôt arriver...

Sono-Sion-HazardShin, Takeda et Lee: Gang de New York.

Hazard est un voyage initiatique. Shin, vide et amorphe, quitte le Japon pour trouver un sens à sa vie. C'est complètement démuni qu'il trouve les deux compagnons qui le ramènent à la vie, en agissant en toute liberté et en toute violence. Shin découvre en même temps le nihilisme et l'ambition. Dans une scène, Shin donne 1 cent à un clochard qui refuse la pièce en arguant qu'on ne fait rien avec 1 cent. Lee dit alors que quand il voit 1 cent, c'est 1 million de dollars qu'il voit. Sono Sion joue ici avec le mythe du self-made man. Hazard fait d'ailleurs penser à America America d'Elia Kazan à la différence près qu'Hazard se termine par le retour d'un Shin "nouveau" au Japon.



Ci-dessus, une scène de braquage particulièrement réussie. Shin et Lee s'y échangent le cent imaginaire qui deviendra récurrent jusqu'à la fin du film.

Le plus long entretien réalisé avec Sono Sion ici !

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